Les trois promeneurs revinrent au bord de l'eau et
cherchèrent un restaurant. Ils s'attablèrent sur une sorte de terrasse en
planches, dans une gargote puant la graisse et le vin. La maison était
pleine de cris, de chansons, de bruits de vaisselle ; dans chaque cabinet,
dans chaque salon, il y avait des sociétés qui parlaient haut, et les
minces cloisons donnaient une sonorité vibrante à tout ce tapage. Les
garçons en montant faisaient trembler l'escalier.
En haut, sur la terrasse, les souffles de la rivière chassaient les odeurs
de graillon. Thérèse, appuyée contre la balustrade, regardait sur le quai.
A droite et à gauche, s'étendaient deux files de guinguettes et de
baraques de foire ; sous les tonnelles, entre les feuilles rares et
jaunes, on apercevait la blancheur des nappes, les taches noires des
paletots, les jupes éclatantes des femmes ; les gens allaient et venaient,
nu-tête, courant et riant ; et, au bruit criard de la foule, se mêlaient
les chansons lamentables des orgues de Barbarie. Une odeur de friture et
de poussière traînait dans l'air calme. |